Par Francis Ganry

Saint-Léger éditions

 

C’était un temps de sereine enfance.  Une époque  vécue et dégustée malgré…Les besoins pressants de l’évolution de l’après guerre. Le monde agricole ne “rigolait “pas. Les gosses s’occupaient des animaux et menaient le bétail au champs . Aux vacances on avait le droit à une excursion en groupe et les parents s’ils le pouvaient se rendaient dans quelques lieux magiques pas trop loin et s’ils possédaient un voiture.

Oui ! Cependant  nos levers dans le petit matin de printemps n’eurent pas d’équivalent dans nos souvenirs et je me revois ramassant la fleur de jasmin pour les corbeilles garnies de linge fin  ,dans les “planches“grassoises pour le salaire d’un billet “Victor Hugo“[1]  .

Francis Ganry était du Sud Ouest , je suis provençale  mais son livre est une page de bonheur qui pèse les souvenirs à l’aune de l’amour et de la foi retrouvée.  Car nos parents  nous les aimions dans le respect de la vie donnée et de la vie reçue. L’idée que l’un ou les deux  ne serait  pas être exemplaire ne nous effleurait pas.  Ils étaient là , tutélaire et sans défaut. Un idéal d’attitude, un exemple à imiter même si nos aspirations différaient.

Le pain de la ferme, la barre de chocolat souvent un peu rassis mais les pommes rutilantes. Le maître ou la maîtresse sévère mais écoutés et respectés par presque tous. Et surtout en cas de drame cette solide estime et même amitié déférente qui lie les êtres  du village, de l’endroit, par delà leurs différences.

Nous avons récité les tables de multiplication . À l’endroit et à l’envers. Regardé  la carte de France et ses 89 départements plus les colonies et…Oui ! Et le territoire de Belfort ce véritable mystère à nos jeunes yeux espiègles .

La règle de l’accord des participes passés, les dix temps de l’indicatif etc . Ceux du subjonctif ce qui nous donnait de multiples occasions de plaisanteries .

Nous devions rendre les copies sans faute ! Et réciter des poésie pour exercer notre mémoire.[2] J’ai passé le Certif car j’avais été en pension chez les Sœurs !

Francis aime moins bien l’école que ses chèvres, ses vaches, les arbres et la peinture dont il réussit de beaux exemples. Son frère  un excellent élève  de primaire entre au collège, il sera  capable de “souffler“ à son ainé lorsque celui-ci devant rattraper la sixième et la cinquième. Car Francis, lui doit passer le Certif…Peu lui importe le résultat ! … oui ou non ? Il retournera à ses rêves et à sa peinture pour laquelle il est doué à ses champs et à ses compagnons à quatre pattes. Mais le père et la mère le veulent, et les maîtres savent que Francis est doué pour certaines études comme le prouvera sa réussite après…

Après que le destin ait brisé l’enfance active et travailleuse de Francis en le privant de son père…Il se rend  aux épreuves du Certificat en somnambule que l’on conduit…mais il ne sait pas ce qu’il répond aux épreuves. Car pour lui ,reprendre l’exploitation de son père à sa place comme doit le faire l’ainé, tombe sous le sens.

Ce qui se passa ! Ces épreuves réussies haut la plume ! il mettra des années à le comprendre. Il réussit son Certificat  passant devant tous. Et obtient prix et récompenses.  Et, il croit revoir un jour ce père tant aimé et admiré qui sans aucun doute veille sur lui…sur lui, Alors que le catéchisme et l’église ne sont pas sa préoccupation et encore moins Dieu ou le souffle divin.

Alors après la mise à niveau, il entre au Collège qui le conduira vers de belles études en agronomie.  Il a surmonté ses rêves, son chagrin et le mystère de la mort d’un père tant admiré. En quelques jours Francis est devenu adulte même s’il se pose toujours de graves questions. Il saura   rencontrer Jean Michel qui l’aide à quitter son manteau d’inquiétude et de doute et à trouver la voie de l’amour divin.

Plus discret qu’une confession et plus fouillé qu’un témoignage,  ce livre nous décrit un monde sans glyphosate que nous pensons enfoui. Mais auquel il nous faudra revenir si cela est encore possible[3]. Une vie paysanne contraignante  et laborieuse [4]simplement , naturellement et souvent sereine . Cependant que les techniques modernes peuvent améliorer.

La remontée d’un homme au fil d’un athéisme de bon aloi dans le monde paysan d’après la seconde guerre mondiale n’est pas courante. Et pourtant !

Il demeurait des traces de l’enseignement des Pères. Plus ou moins importantes selon le degré d’instruction et la classe de la société d’appartenance. [5]Il fallait pour les laïcs et les athées chasser Dieu de tous les lieux…de tous les esprits. Au mépris des coutumes et des lois. [6] Aujourd’hui celui qui veut Croire, le peut.

Aussi lorsque Francis se trouve en face d’un étudiant en agronomie  comme lui, mais  formé et instruit de la religion  dans d’intelligentes et intelligibles conditions, trouve-t-il matière à repenser son existence. À prendre distance avec le drame qui bouleversa son adolescence et à embrasser son avenir.

Une vie dévouée aux autres dans le partage de valeurs enrichissantes. La plénitude de savoir que l’on a œuvré pour le bien . C’est une chose que de penser sa vie future et d’y parvenir en la réussissant , même si c’est en partie. L’essentiel étant comme l’affirma Montesquieu :

Car nul n’est plus heureux que celui qui l’ est bien dans son État[7]

C’est autre chose que la gloire d’une vedette ![8]

À lire pour comprendre à quel point il est des destinées solitaires sans déprime lorsque l’on a la capacité de maîtriser l’adversité.

Amalthée

 

Saint Leger Éditions

 



[1] Billet de cinq cents anciens francs d’avant 1960 date des Nouveaux francs

[2] Je peux encore réciter le songe d’Athalie de Racine etc.

[3] La littérature  contemporaine est à présent assez bien outillée pour un début

[4] avec l’oxygène en prime

[5] Mais la séparation était à ce point qu’un élève venant d’un établissement religieux ne pouvait prétendre à entrer dans un établissement public ,dans la classe de son niveau, même avec d’excellentes notes. Il était sanctionné au point de redoubler une classe, ce qui créa des racoleurs tenaces et mêmes des drames.

 

[6] Article 10 de la Déclaration des Droits de l’homme et du citoyen 1789

[7] État au sens du 17e siècle : métier ,profession ,charge, vocation

[8] sans vouloir décrier les artiste que j’aime et admire.

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Hélène Cadouin
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