Par Gildard  Guillaume

Femmes battues.Enfant naufragés.

La violence et l’emportement à frapper physiquement ou oralement une personne, plus faible-évidemment- témoigne de la lâcheté.

La lâcheté et la bêtise s’entrainent et s’emballent l’une l’autre et corrompent l’individu. La prétention de se croire au-dessus de l’autre, d’avoir à commander l’autre parce que … abondent le crime. Le déploiement et l’ascension  dans la gravité des actes peuvent être sans limite. Lorsqu’il comprend qu’en réalité il ne peut en aucun cas être à égalité avec une femme ou un enfant sur le plan de l’amour, de l’intelligence ou de la compétence,  un individu de basse extraction se transforme en bourreau. Ajoutez une dose de sadisme et une autre de paranoïa et vous aurez un assassin à petit feu. Un salaud qui jouit de la souffrance de l’autre parce qu’il est impuissant à voir le bonheur . Ou encore qui, ne pouvant se supporter lui même au constat de sa médiocrité,  saisit de l’ivresse de la destruction  brandit une arme  contre celle ou celui qui ne peut se protéger.

 

Un être ignoble qui viole, bat à tout rompre et punit jusqu’à ce que mort s’en suive.

Enfants martyrs ! Femme violées, réduite à l’état de cadavre survivant.

Lachaud est ouvrier pas plus mal traité qu’un autre,  dans un coin du nord est de la France, vers Amiens plus précisément. Sa femme et lui ont quatre enfants. Ceux qui paraissent ici sont surtout  Maurice et Gérard et puis viennent les plus jeunes Didier et Martine de façon épisodique.

Lachaud. Allez chercher pourquoi ? Ne peut pas souffrir l’aîné Maurice ! Maurice , intelligent mais  turbulent et parfois bagarreur en classe.  Il ne se laisse pas rabaisser par les autres gamins ,exige que l’on soit juste . La cause ? En rentrant à la maison il reçoit des raclées au moindre motif.  Et aussi ! Surtout ! La mère est battue ! Sans cesse ! Et le seul qui sache se révolter en paroles, bien qu’il soit petit… c’est Maurice ! Maurice ne supporte pas que l’on frappe sa mère qu’il vénère, qu’il aime . Il aimerait aimer son père, mais…Le père ne veut pas ! Ou alors ne sait pas.

Un soir alors qu’il a été frappé encore plus fort qu’à l’accoutumée et qu’il est jeté sur une toile dans la cave, garage sans chauffage pour passer la nuit, l’enfant de neuf ans dit au travers de la porte :

—Je te tuerai quand je serai grand.

Plus tard un soir alors que la mère est à l’hôpital  à la suite des brutalités de Lachaud… ce père sera retrouvé mort dans sa cuisine ! Quatorze coups de tisonniers.

Maurice condamné à vingt ans de prison a sauvé sa tête car il était mineur.

Maurice fera quatorze ans de prison.

Mon dieu ! Et quelles prisons. Quelles centrales. Quels gardiens.

Le livre est monté de main de maître car les évènements son contés sur un rythme en alternance. L’enfance( 1954), le procès(1966), la vie de Maurice après la prison, les années d’incarcération(1966-1980). On accède à la vérité par le déroulement imaginaire d’une tresse[1] qui tient les événements, les êtres et leurs actes comme leurs sentiments à distance, de manière souple et ferme. Évidente et logique.
Il n’y a plus de condamné à la sortie de la prison !

Il n’y a qu’un homme qui a payé la violence d’un autre qu’il aurait voulu aimer, son père.

Il y a l’image de ce père abjecte que la société a engendré avec ses dérives sexistes et machistes, son manque de qualité dans l’éducation des filles et des garçons d’une époque en voie de mutation.

Il n’y a que la tombe d’une femme martyre, ayant voulu protéger son enfant et qui s’éteindra des suites de cette longue  maltraitance, après que son bourreau ait disparu..

Il y eut cette administration pénitentiaire qui ignora et qui peut être ignore encore parfois qu’un condamné reste un homme et que l’homme asservi par une condamnation mérite une chance de rattrapage et d’être sauvé.

Il y a l’absence  totale d’enseignement moral pour ceux qui sont seul avec leur violence innée. Qui sont en état de choc permanent parce qu’ils sont seuls.

Il y a l’absence de dialogue au sein d’une famille, d’une ville, d’une société… toutes fermées parfois hermétiquement sur  des valeurs mensongères comme l’habitude, les principes, la tradition ! Fermées à l’écoute de l’autre au point que seul LE SILENCE reste à la victime pour  toute réponse  , pour toute  consolation de ses propres choix et de sa misère physique et morale. Fermées à la détresse morale d’un enfant qui ne voulait pas que sa mère, une femme subisse encore et encore et toujours  la loi des bourreaux, la loi du plus fort en gueule et en bras , la loi du mauvais sur le plus faible.

Il y a et surtout  la  fin extraordinaire de cet admirable  récit digne d’une prière  qui laisse sans voix et  fait éclater en sanglots. Car ce sont les hommes qui bâtissent la société !

C’était en 1966. C’était il y a un siècle !

Toutes et tous nous devons lire ce livre pour que millimètre par millimètre d’une voix à l’autre, d’un geste à un autre ,cessent de telles indignités.

Amalthée 



[1] Comme dans le dernier acte du Ring de Richard Wagner avec le récit des Nornes

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Hélène Cadouin
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