Leonard Bernstein est de retour

 Que les rêveurs rêvent des mondes qu’ils veulent…

Nous construirons notre maison et couperons notre bois et nous cultiverons notre jardin

 Opérette ou comédie musicale ? Les eux car le désir de Bernstein après avoir vu la pièce  L’Alouette d’Anouilh  mise en scène par Lilian Hellmann. Cette dernière s’adonnait à l’œuvre de Voltaire Candide et Bernstein  souhaita en faire du théâtre musical avec elle.

Plusieurs paroliers intervinrent dans la rédaction du texte des chansons John Agee,  Dorothy Parker, John Latouche et Richard Wilbur. Ensuite Bernstein lui même et son épouse intervinrent également.

 

La pièce fut donnée à Broadway mise en scène par Tyron Guthrie le 1er décembre 1956 et si la musique dont surtout l’ouverture fut accalmée par la critique le reste de a pièce fut accueillie avec fraicheur.

En 1973 une version écourtée parut sous la houlette de Harold Prince.

Puis vint la version dite “Opéra”, à la demande de plusieurs Maisons et le livret  est  réécrit par Wheeler-c’est cela que nous avons écouté et vu à Toulouse-et donné e 1982 au New York City Opéra.

1988 la disparition de Hellmann permet à Bernstein de récupérer avec John Mauceri l’œuvre (livret de Wheeler) et la fait monter au  Scottish Opera avec les changements qui lui conviennent. Jerry Hadley, June Anderson, Christa Ludwig et Adolph Green. (1982)

1988.John Caird à la demande du Royal National Théâtre écrit la version la plus proche de Voltaire et cette fois toutes chansons originales conservées l’œuvre prend l’allure d’un Opéra.

Le rappel de Candide de Voltaire réchauffe le cœur et l’esprit.

Le “meilleur des mondes possible“ , son optimisme, la bonhommie et la sagesse souriante du Monsieur de Ferney qui correspondit avec les beau esprits de son époque donne un ton fluide à cette fin d’année qui n’épargna personne dans notre pays et le monde.

Toulouse fait appel à une troupe anglo saxonne de très haut niveau sous la direction du chef James Lowe dont la sensibilité, la délicatesse et la puissance d’expression font tout le panache de cette réalisation en tous points enthousiasmante. L’orchestre national du Capitole et une grande partie des Chœurs de Toulouse ont épousé avec bonheur et séduction le style très décoiffé mais parfaitement maitrisé de cette œuvre très moderne et pourtant déjà classique.

Dans le rôle de Panglos alias Voltaire, Wynn Harmon réalise la quintessence de l’expression intelligente et subtile et le goût de la fantaisie  ironique. La voix est superbe, chaude et admirablement posée tant pour les dialogues que les partie individuelle et le chant. Une belle couleur barytonale instrumentale et soignée.

Le rôle titre appartient à Andrew Stenson, américain, lui aussi capable de tenir les dialogues à un niveau de répartie et de cocasserie mi sérieux mi comique d’une parfaite authenticité. Il chante en rythme et  dans ce style charmeur et un peu “Crooner“ de la comédie musicale américaine. 

J’ai regretté la  Cunégonde chantée par Ashley Emerson. Son seul air qui est le plus connu de toute l’œuvre est tombé à plat. Les  vocalises dont Natalie Dessay et Sumy Jo font leur régal sont ici plutôt mal menées. Le timbre manque de poli et le legato est déficient. Pour le reste du rôle elle joue correctement mais le chant  laisse à désirer.

La mezzo Marietta Simpson en revanche campe une duègne d’une drôlerie et d’un entrain superbes. Sa voix d’une grande qualité possède un grain émouvant à l’extrême qui, malgré ce rôle court, chatouille agréablement l’oreille. Nos espérons l’entendre dans des emplois plus consistants avec plaisir. 

Le reste de la distribution, du même niveau s’est merveilleusement comporté.

L’œuvre, rarement donnée depuis sa sortie. La version que nous venons de voir rétablit l’équilibre entre l’écrit de Voltaire et la volonté de création et d’hommage de Leonard Bernstein qui fut un chef d’orchestre exceptionnel et inoubliable.

La mise en scène de Francesca Zambello et la chorégraphie de Eric Fogel, tout comme le décor  de James Noone ,véritablement propice à cette pièce ont permis à cette réalisation de frapper le public qui a véritablement matché dans les pas de Bernstein et de cette œuvre unique par son originalité et remarquable par ce mélange complètement réussi d’airs populaires, de Danse de haut niveau et de comédie étourdissante.

Rien ne manquait à cette matinée de rêve.

Amalthée 

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Hélène Cadouin
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