Les Carmina Burana aux Chorégies d’Orange

L’émerveillement inattendu !

 Je règnerai, Je règne, J'ai régné, Je suis sans règne[1]

Époustouflante réalisation  des Carmina Burana  aux Chorégies d’Orange cette année. Le public a fait une ovation à tous les participants de cette production d’une qualité absolument exceptionnelle par tous ses éléments.

Nous savons que le compositeur Carl Orff composa entre 1935-1936 d’après les textes  des Chants de Buren  du monastère bénédictin en Thuringe.

La Roue de la Fortune et ses états, se trouvent à l’origine de 24 chants profanes dont l’inspiration tient de la nature,  des plaisirs et  des sensations comme des différentes phases de la vie humaine et naturelle.

 

Le premier chant étant repris en dernière place afin de constituer une somptueuse coda chantée par les chœurs. Cinq parties avec des solis pour Soprano, ténor haute contre et baryton.

O Fortuna Imperatrix Mundi O Fortuna Imperatrix Mundi

Primo vere

In Taberna [Dans la taverne : chansons à boire et satiriques]

 Cour d'amours [Chansons érotiques]

Blanchefleur et Hélène

Les spectateurs venus nombreux et quelques jours après ceux  de la chaîne ARTE s’attendirent à un concert tout simplement classique.

Une surprise les attendait. Avec une  dimension visuelle de tout premier ordre, alliant la couleur et la lumière intérieure que l’art du vitrail créa au moyen âge ; la perception de la lumière au travers de nos rêves.

Nous le devons à  un  complice Philippe Druillet[2] a mis au point un défilé d’images projetées et articulées  sur le mur géant du théâtre antique et ces images fortement inspirées de l’Orient, mais aussi des peintures de Jérôme Bosch, [3] ont créé une atmosphère captivante dès les premières secondes et l’ envoutement  entoura le public et les interprètes d’un  nuage magique dynamisant l’harmonie de la musique, ses voix et des images d’un univers infini. La magie ésotérique opère dès les premières mesures  et cette Cantate  apparut comme un monde interstellaire dans lequel les interprètes nous projetèrent à leur suite  au cours cette heure idéale.

 

Le chef d’orchestre Fayçal Karoui fringant d’allure, d’une attention aigüe et passionnée, déployant  l’excellence du geste, la justesse des rythmes dans son incessante versatilité, distille  l’expression de cette œuvre de tout son être avec un charme et une habileté suprême  à la tête de  l’Orchestre national de Bordeaux Aquitaine, les Chœurs de l’Orfeon de Pampelonès et les Maîtrises des Bouches du Rhône et les Chœurs de l’opéra du grand théâtre d’Avignon. Animé de l’énergie d’une jeunesse  jaillissante il  fait aboutir cette interprétation inspirée comme une fresque grandiose  et la rend intemporelle et   inoubliable.

Les Carmina Burana ne sont plus cette suite de chants profanes déclamés en langue latine, vieil allemand et vieux français  d’une noble manière un peu statique malgré leurs poésie prenante, mais  nous signifient jusqu’à la possession omniprésente que nos chances et nos misères alternent en un monde où se côtoient le Bien et le Malla Beauté et la Laideur, l’Amour fou et l’Amour dérisoire ! Et la haine, la sottise et le vulgaire etc. Et  ce monde même à l’échelle de nos désirs fous de tendresse et d’oubli comme de débordement et de sagesse nous envahi malgré nous pour notre plus grande joie.

 L’enchantement devant le mur  d’Auguste et les gradins du théâtre antique aura rarement été aussi fabuleux .Je dirais que la brièveté de l’œuvre ainsi présentée ajoute au fantastique expression de cette réalisation absolument parfaite. Et c’est un bonheur redoublé car nous avons pu l’enregistrer !

L’orchestre  national de Bordeaux Aquitaine a montré qu’il était l’une des plus belles phalanges européennes .Par la souplesse et le dynamisme de ses cordes, leurs couleurs chamarrées, la justesse et la virtuosité naturelle de ses bois, l’éclat triomphant et dans le focal de ses cuivres. Mais aussi par cet art du phrasé et le ressort de son souffle.

Trois solistes en première ligne, la soprano colorature allemande  Julia Bauer, le baryton  argentin Armando Noguera et le ténor Haute contre Max Emanuel Censic. Tous les trois ont véritablement intégré cette partition heureuse pour de si bons chanteurs. Ma préférence ira à Julia Bauer dont la virtuosité pyrotechnique d’une aisance et d’une assurance à tous égards surprenante n’empêche l’intelligence et la grâce de la déclamation lyrique. La qualité du timbre et la largeur et la gaine vocale comme la fiabilité technique allant de pair Cette cantatrice assumant le rôle de Zerbinetta dans l’Ariane de Strauss, montre ici dans ses chants d’une envolée céleste  d’une grâce  angélique et d’une force d’expression idéales. Armando Noguera , style sobre et adéquat , sûr avec la partition  se qualifie par une diction accomplie et une adéquation musicale remarquable ; ici parfaitement soutenu et accompagné par Fayçal Karoui , sa prestation vaut cent fois ce qu’il a donné dans le Barbier [4]. Max-Emanuel Censic  demeure le véritable contre ténor d’excellence au timbre naturel et parfaitement juste il ajoute une musicalité sans faute et un phrasé de comédien.

Les chœurs de l’Orfeon de Pampelonès tout comme ceux d’Avignon dynamisés et soutenus par   Fayçal Karoui  ont  donné à cette interprétation le juste équilibre et la profondeur de l’expression universelle de cette œuvre. Harmonie des timbres et respect  des départ et des arrêts sans faute ; ils ont fait corps avec l’œuvre et avec le chef d’une manière parfaite.

Voici une soirée inattendue et merveilleuse. Un grand moment pour les Chorégies pour ces artistes qui ont véritablement et visiblement  éprouvé un grand plaisir à cette interprétation à laquelle rien ne manquait.

Amalthée

17 juillet

Et sur ARTE



[1]  Regnabo, Regno, Regnavi, Sum sine regno phrase d’accompagnement de la roue de la fortune située sur la première page du manuscrit

[2] auteur dessinateur des bandes dessinées de science-fiction

[3] Choix absolument personnel

[4] opéra de Lille(il  prend des libertés avec Rossini )et Orange (le concert)

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Hélène Cadouin
dite "AMALTHÉE"

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