Chorégies d’Orange

11 Juillet

Rigoletto de Verdi

 

Il fallait assister à ce Rigoletto, sans doute le dernier de Leo Nucci   qui, à 74 ans  a tenu la scène de bout en bout avec panache. Certes le timbre et les attaques ne sont plus les mêmes , mais le chant passe encore l’orchestre avec résonnance et  le “Bouffon“ possède toujours cette rage intérieure communicative qui bouleverse  et cette tendresse immense. Belle représentation de caractère  et bel “au revoir“ à un artiste que nous avons toujours su aimer et admirer.

La fatigue intervenant après de nombreuses répétitions et deux représentations coup sur coup dont le Concert du 10 Juillet, cela empêcha Miko Franck de diriger la représentation de Rigoletto du 11 Juillet. Par bonheur Alain Guingal se trouvait chez lui non loin et il a pu le remplacer. Grâce lui soit rendue car A. Guingal sans répétition et sans avoir jamais été à la tête de cet orchestre a dirigé avec une souplesse et une intelligence remarquable cette brillante partition aux virtuosités prodigieuses et aux sonorités solistes d’une impeccable justesse.  Alain Guingal s’est montré à la hauteur de la préparation de l’orchestre par Miko Franck et l’Orchestre s’est révélé d’une attention et d’une vigilance remarquables pour ce chef excellent musicien avec lequel ils ont propulsé la soirée dans l’improvisation d’une rencontre étonnante de talents assemblés avec le même amour et le même respect de la partition, des artistes et du public. Merci à tous et bravo mille fois.

La découverte de la soprano Nadine Sierra valait à elle seule de regarder le spectacle à la télévision. Belle comme le jour ! Un ambitus exceptionnel possédant hauteur et largeur sans limite apparente et un portamento vocal de rêve. Elle a chanté comme un ange, la voix ne s’envolant sans se  perdre vers les hauteurs,  résonnant claire et lumineuse de manière scintillante. Nous l’avons entendue à nouveau le 14 Juillet dans le Concert du 14 Juillet au pied de la Tour Eiffel à Paris.

Le ténor Celso Albelo devrait soigner d’avantage ses prestations. La voix est d’un beau grain, le timbre authentique et il sait chanter. Mais il ne travaille pas suffisamment l’élégance de son interprétation, pas plus qu’il ne colle psychologiquement au personnage. Il est un peu “brut de décoffrage“ ou alors jeune chien fou ! Originaire des canaries il pourrait écouter les enregistrements de son illustre aîné Alfredo Kraus, cela lui servirait. Ce dernier était de la première mouture de Rigoletto à Orange dans les années 80.

Par bonheur le dernier acte est sans doute le plus réussi. La Maddalena de Marie Ange Todorovitch   , mezzo soprano magnifique à la voix gainée et passant l’orchestre sans limite.  L’intensité dramatique et vocale absolue,  la voici au sommet de son art,  épanouie, rayonnante. On la devine heureuse d’être là ! Capable de tout chanter. Aussi fantastique que dans le Vaisseau Fantôme de 2013 ! Timbre de caractère,  musicalité instrumentale de la voix,  maîtrise d’une prosodie parfaite. Une  incarnation  stylée de cette séductrice vénale qui possède son rôle à merveille. Face à elle le Sparafucile  de Stefan Kocan se révèle véritable homme d’affaires prêt à exécuter un contrat payé, Respectant les accords passés sans larmoiement. Le cher Celso Albelo se fait bien meilleur qu’au premier acte ! Preuve que à l’échauffement il peut atteindre à une interprétation plus structurée.

La mise en scène de Charles Roubaud cohérente et bien déployée sur ce plateau gigantesque. L’idée de la marotte géante, celle d’Emmanuelle Favre, la scénographe inclinée est proprement sensationnelle car elle permet d’abriter les décors des lieux où se déroule l’action. Également de monter le long du manche de la marotte qui sert alors d’escalier et de pont en travers de la scène. Les costumes sont également d’une très grande classe.

Belle production et distribution remarquable. J’ai assisté au Théâtre antique et l’avais fait enregistrer pour le revoir. J’ai éprouvé la même joie ! Vraiment  très réussi.

Un succès populaire au bon sens du terme.

Amalthée                                                                                                                                                                                 

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Hélène Cadouin
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