L ‘ apothéose de la divine Anna Netrebko
Le Trouvère de Giuseppe Verdi
L’émission Passage des Arts sur la 5 nous présentait en direct de l’Arène de Vérone ( Vénétie Italie) , Le Trouvère de Verdi livret de Salvatore Camarano et Leone Emanuele Bardare. L’origine en est la pièce espagnole El Trovador de 1836 de Antonio Garcia Guiterez.
Un drame sombre, épais , par moment pathologique et démesuré, voire débordant pour lequel Giuseppe Verdi acheta un dictionnaire d’espagnol afin de lire ce drame connaissant un vrai succès. Et d’en donner après lecture , la matière à son ami et librettiste Camarano alors très malade[1] que Bardare qui le termina.
Le succès fut immédiat dès la création et les représentations au théâtre Apollo de Rome en 1853 (19 Janvier). La création en France eut lieu en 1857.
L’ arène de Vérone reçoit depuis 1913 des représentations d’opéras dans des conditions de fêtes estivales populaires . L’Italie aime les circuits automobiles, les courses cyclistes, elle a eu Fausto Copi! Et elle demeure la terre d’élection pour tous les arts et aujourd’hui comme au 19e siècle l’opéra en particulier cher aux élites , aux gens fortunés comme au peuple italien toutes classes sociales et d’âges confondues.
La Nature est un temple où de vivants piliers
Laissent parfois sortir de confuses paroles ;
L’homme y passe à travers des forêts de symboles
Qui l’observent avec des regards familiers.
Charles Baudelaire Correspondances
Voici un livre en charge de la “carte de visite” d’un peintre contemporain.
Les fruits de la métamorphose réunissent des photos d’œuvres de l’artiste de 2004 à aujourd’hui. Période qui verra la transformation de son écriture. Transformation ou évolution au fil des années, des commandes, des changements de conditions d’existence… pour parvenir à la métamorphose.
En quinze ans on passe de la représentation parfaitement lisible et figurative à l’abstraction et au secret, à cette correspondance furtive des traits et des couleurs sous l’influence absolue de la pensée de l’instant.
Lire la suite : Jean-Jacques Marie. Les fruits de la Métamorphose
Philipp Maintz
Opéra de chambre d’après le roman d’Émile Zola
Thérèse Raquin
Il s’agit du troisième roman de Zola qui en tira une pièce que la critique esquinta joyeusement le qualificatif de putride fut accordé au genre de “roman naturaliste“,qualificatif voulu par son auteur, que l’on trouva en dessous de la réalité.
Mais Zola entendait aussi décrire l’état de saleté repoussante dans laquelle sur le plan moral et matériel étaient contraints de vivre une certaine partie de la population. État dont Haussmann plus tard tentera de masquer l’urgence, mais hélas pour donner à la capitale de beaux immeubles que nous admirons encore mais qui ne servirent pas au petit peuple. Celui des journaliers, des femmes seules abandonnées et autres en situation précaire. La grande bourgeoisie exécra Zola, cependant, même en appréciant peu certains de ses ouvrages, force est de constater qu’à la suite de Balzac plus large d’esprit et d’intelligence, il fut des premiers écrivains naturalistes certes, mais également social.[1]
Par Jean Marie Cartonné
Le théâtre est un art éphémère qui meurt avec le salut final Jean Marie Cartonné[1]
La vie est une comédie pour ceux qui pensent et une tragédie pour ceux qui ressentent
Horace Warpool
Au dix-huitième siècle le corps pur et le coeur frêle une belle petite fille de douze ans dont la mère a abandonné le père et l’ auberge pour monter sur les planches d’un théâtre de fortune et changer de condition, ne pèse pas lourd dans la conscience de ce même père.
Qu’importe la fragilité de cette délicate fleur à éclore…nous ne sommes plus à lire Pierre de Ronsard . Et les Femmes Savantes péroreraient en vain et bien loin, même si l’auberge du père de Clarisse se trouve non loin de Versailles et de son Palais royal
Richard Wagner
Seule comédie après Liebesverbot[1] , les Maîtres tiennent un place rayonnante et savante dans l’oeuvre de Wagner. Le Prélude, véritable symphonie , présente le sujet dans une architecture rutilante , ouvragée comme un vitrail , dont Arturo Toscanini à Salzbourg même , en 1936 laissa une trace indélébile.
Composé entre 1862 et 1867 et dédié au Souverain Louis II de Bavière, la Première eut lieu à Munich le 21 juin 1868 au Théâtre de la Cour[2]. Le chef d’orchestre était Hans von Bulow qui vingt ans plus tard mit l’ouvrage au répertoire du Festival de Bayreuth .
L’œuvre entière s’appuie , comme issue de la tradition de l’art musical et vocal allemand . Depuis les minnesanger [3] et auquel viennent se greffer l’autre versant, celui des textes sacrés qui unissaient par leur pratique chorale, dans la peine, la joie et l’amour le peuple, ses bourgeois et ses élites . [4]
Nous reste cependant l’espoir de pouvoir sauver l’orgue séculaire.
Ce que les révolutions et les guerres avaient préservé, les imprudences et les négligences de notre époque l’ont permis.1 L’un des chefs d’œuvre mondial de l’art gothique, Notre Dame de Paris est aujourd’hui l’ombre d’elle-même. Sa toiture d’une valeur à peine estimable, dont certains bois dateraient de l’époque du temple d’Apollon(époque de Lutèce) sont consumés à jamais.
De Richard Strauss
Le temps est un joueur avide…
Charles Baudelaire
La scène se déroule à Vienne au 18e siècle[1]. Richard Strauss et le poète librettiste Hugo von Hofmannsthal s’inspirent des Aventures du Chevalier Faublas [2]de J.B.Louvet de Couvray. La pièce, équilibrée, aux personnages nombreux mis en place avec sagacité et soin bénéficie d’une distribution et d’un contenu des rôles raffinés, remarquablement intelligents sur le plan psychologique et humain.
L’opéra est créé en décembre 1911 à Dresde capitale de la Saxe, au théâtre royal [3]sous la direction du chef Ernst von Schuch. Un immense succès que connaitront plusieurs années après la guerre, Monte Carlo 1926 et Paris 1927.
Jacques Offenbach
Sans une ride deux siècles après !
1819 Jacob Offenbach vient au monde à Cologne le 20 juin.
À Écouter
Jodie Devos
Les coloratures de Jacques Offenbach
Elle est virtuose et ravissante.Elle chante à merveille les “airs“ comiques et les magnifiques mélodies sentimentales et poétiques de ce cher Offenbach .
Elle fut deuxième prix du Concours Reine Élisabeth de Belgique en 2014.Vous pouvez entendre plusieurs de ses concerts sur You Tube, en guise d’entrée en matière.
Et ce disque vous sera indispensable car il est un miroir révélateur de cette jeune femme au talent séduisant et attachant. Jodie Devos trace un de ces portraits qui marquent par leur juste mesure une époque et un moment de bonheur partagé.
L’enchanteur tire sa révérence…
Boubou nous a quitté pour un juste sommeil[1]
Le Demoiselles de Rochefort. 1963 Les Parapluies de Cherbourg.1967
Donnés à la télévision cette semaine ses deux films les plus célèbres, suivis, Lundi, d’ une émission regroupant des archives de toute sa carrière, à retrouver en podcast . Voici qui illustra l’hommage rendu à Michel Legrand tel un portrait développé à grands traits, réaliste et parfaitement rythmé.
Depuis plus de soixante ans Michel Legrand occupait une place unique au firmament de la musique. Unique car de Claude Nougaro qu’il parvint à faire monter sur scène et à faire enregistrer les chansons jusqu’à Hollywood où il se fit une place au soleil par des partitions réussies, puis pour Norman Jewison ayant l’idée d’une composition d’un trait de une heure trente, jetée sur les portées après une seule vision, qui permit de caler un film déjà tourné mais non monté, il eut toujours le “joker“ qui donne la réussite. Compositeur, accompagnateur, interprète, arrangeur, chanteur de ses propres chants à ses heures. Un des premiers européens qui dans les années cinquante entre dans la cour des grands Jazz men aux États Unis comme Miles Davis, Bill Evans et John Coltrane .
Cette année La Ville Morte de Wolfgang Korngold (1897-1957) entre au répertoire du Capitole. La réussite est complète. Le public a applaudi debout cette pièce lyrique captivante et somptueuse composée et jouée en 1920. E.Korngold est alors âgé de 23 ans.
Cet autrichien, ultime romantique du Mittel Europa naquit à Brno en Moravie[1]. Son père est journaliste et excellent pianiste. Homme ambitieux et intelligent il produira l’enfant prodige dès ses cinq ans devant la haute société viennoise et même l’empereur François Joseph. Erich compose également dans un style post symphonique qui émerveille tous ceux qui l’entendent y compris des compositeurs tels que Puccini et Jean Sibelius.
Après le succès du Ring des Polycrates et Violanta aux alentours de ses seize ans, il compose Die Tode Stadt (La Ville Morte) d’après le roman de Georges Rodenbach sur un livret de Paul Schott. Le succès est tel lors de la création en Avril 1920 que Korngold devient le chef d’orchestre de l’opéra de Hambourg.
La Clemenza di Tito
Pour exécuter de grandes choses, il faut vivre comme si l’on ne devait jamais mourir ![1]
Composé en quelques semaines, alors que les répétitions de la Flûte Enchantée (Die Zauberflöte) au théâtre an der Wien ont commencé, la Clemenza di Tito est l’ultime opéra de Wolfgang Amadeus Mozart. C’est un opera seria.
Voici une trentaine d’années, il passait pour être de peu d’intérêt ! Pourtant Mozart est présent comme en toute ligne écrite de sa main. Et pour ceux et celles qui l’aiment la Clémence sonne, bouleversant, comme l’Adieu.
par Françoise Deville
Éditions La Bisquine
Chaumière où du foyer étincelait la flamme,
Toit que le pèlerin aimait à voir fumer,
Objets inanimés, avez-vous donc une âme
Qui s’attache à notre âme et la force d’aimer ?…
Lamartine
Lire la suite : Moi La Malmaison, L’amie intime de Joséphine
Les Femmes de l’Arc
Madame Roland et Joséphine impératrice
Gildard Guillaume
Il n’y a rien de nouveau sous le soleil !
Ecclésiaste
Lorsqu’il pensa le temps venu pour le peuple de France, après dix ans de révolution suivis de dix ans de guerre, de fondre dans un même hommage et d’honorer les héros, les victimes et les survivants, Napoléon décida comme il se faisait dans la Rome antique, d’élever un arc de triomphe.
Voici le “pas à pas“ de l’édification de l’Arc gigantesque dressé place de l’Étoile[1]. Le destin de deux figures féminines majeures, par leur place dans la Révolution et l’Empire, vient s’intercaler par chapitres à l’histoire de cette construction.
Persée de J.B.Lully : Tragédie lyrique : Ouverure à la Française. Prologue à la louange du Roi. Cinq actes.
Rappelons nous que Lully fut le premier Directeur de l’Académie Royale de Musique .Il fut le musicien de Louis XIV. Arrivant de Florence à la Cour comme violoniste, il demeure le grand personnage de l’art de la danse, du théâtre lyrique et du ballet du Grand Siècle. Depuis que l’opéra du Château de Versailles est restauré, se succède représentation et concert de musique des 17e et 18e siècles principalement sans que les autres musiques en soient exclues.
Soyons heureux que le cher Hervé Nicquet[1] chef de grand talent et de savoir étendu, doté d’un humour raffiné, quelquefois abrupt mais à toute épreuve, enregistre de ces œuvres qui ne sont pas courues.
Toulouse Au Capitole
Née à Narbonne, études à Montpellier et Paris [1] après avoir obtenu le prix Révélation lyrique de l’année aux Victoires de la Musique (2011), Clémentine Margaine passe une saison à Berlin. Engagée pour Carmen à Dallas puis au Met de New York dès le début de sa carrière, la voici à Toulouse qui enflamme le Capitole avec ce personnage incomparable de Carmen, la cigarière et Bohémienne la plus célèbre de l’histoire de l’opéra.
Elle campe Carmen dans sa profonde authenticité, une jeune femme née sur le “voyage“[2] qui se bat pour ne pas demeurer dans son état social et qui, en filigrane verra en Escamillo la “marche du podium“ !
Fière, noble, pétrie de cet orgueil bouleversant que donne la beauté aux femmes de caractère, la voix excellemment placée, le timbre déjà remarquable elle joue sans appuyer les traits, prononce un français limpide, parle du regard et chante sur un legato et un souffle impeccables, une gaine et un vibrato dignes de la bel cantiste qu’elle est tant par l’ampleur de l’ambitus que par une technique vocale absolument contrôlée.
Un samedi souriant et glacé nous accueille à la sortie de l'immense gare, véritable village de boutiques, de restaurants et bistrots du plus simple au plus élégant, ouvert semaine et dimanche...presque sans arrêt de nuit.
L'opéra très belle bâtisse au bord du lac est chaleureux, élégant avec des dépendances de rêve dont un parking sous terrain de grande classe.
Pas de neige en cette un février, sauf sur les montagnes resplendissantes de blancheur.
Une salle pleine, bien disposée pour cette farce dans laquelle imbroglio et événements attendus se joue de la logique de l'amour et des intérêts bien compris !
Comme souvent chez Rossini, un barbon veut tout diriger, ce qui déplaît à deux amoureux et à ceux et celles qui aimeraient bien passer du hasard à l’amour.
La mise en scène se déroule dans un décor unique, l’appartement de Germano.
Lire la suite : La Scala di setaL'échelle de soie de Rossini
Parsifal 1/2
Ultime accomplissement de l’œuvre de Richard Wagner
L’opéra de Zurich a donné six représentations à guichets fermés de Parsifal. Les cercles Wagner y étaient représentés en force. Richard Wagner et la Suisse tissèrent des liens très étroits, c’est à Zurich que le jeune Kapellmeister se réfugie en 1849 après les émeutes et la révolution de Dresde. Il y vécut neuf années dirigea de nombreux concerts écrivit une partie de son œuvre. Lors de son second mariage il vécut à Lucerne et sa villa est un musée dédié entièrement à sa vie et son œuvre.
Il apparaît de plus en plus clairement que pour saisir la magie ou même plus simplement l’intérêt de rencontrer l’œuvre de Wagner, une initiation, si limitée soit-elle s’avère nécessaire.
J’aimerais, alors que nous sommes en période de Carême, donc avant le temps pascal, vous guider un peu dans ce qui apparait comme le labyrinthe wagnérien. En réalité Parsifal est bien un achèvement magnifique et nul n’imagine que Wagner aurait “oublié“ d‘écrire un chef d’œuvre de plus, tant l’ultime pierre de l’édifice l’accomplit.
Parsifal 2/2
Ultime accomplissement de l’œuvre de Richard Wagner
Au pupitre de cette interprétation , la Dame et chef d’orchestre d’origine australienne Simone Young.
Une dame au pupitre ! Oui enfin , elles sont désormais sous les projecteurs et estimées du public comme des musiciens . Simone Young célèbre dès sa jeunesse d’enfant violoniste virtuose fut à la tête de l’opéra de Hambourg (Allemagne) au cours des année 2005 à 2015, après avoir été en place à Bergen et Sydney. Sa présence à la direction du Ring[1] tant à Vienne qu’à Berlin comme chef invitée augurait une interprétation de caractère de ce Parsifal d’exception.
L’orchestre de l’opéra de Zurich fut amené à son point d’excellence de timbres solistes à tous les pupitres, tandis que les cordes se révélèrent d’une onctuosité et d’une intensité parfaites. Superbe interprétation ,homogène et généreuse que le public a salué debout.
Trois heures quarante pours le premier acte. Une direction active, abondante, serrée sur son sujet. D’une prégnance absolue sur l’auditeur.
Catherine Foster, Brunnhilde, triomphe absolu à Bayreuth
Les dernières représentations du Ring [1]de Richard Wagner, sous le règne de la mise en scène, acérée, sulfureuse, ravageuse et hurlante de pessimisme réaliste de Frank Castorf ont pris fin sur un triomphe absolu. Certes la piteuse flambée d’un baril de pétrole (Or noir aujourd’hui pour Or jaune d’hier) tandis que le Walhalla (Bourse de New York) prospère en continu, oblige à convenir de la perspicacité de l’ensemble de la production. Tout comme les crocodiles (emblème du capitalisme dévoyé) qui rampent de la Fontaine de l ’“Alexander Platz“ à Berlin parlent fort et percutent notre pensée confortablement endormie par les“ loisirs organisés “ et autre pièges pour naïfs, pour que l’on saisisse enfin combien Castorf est homme d’amour et de réflexion, par sa façon de crier violente, ironique et sans détour !
Polémiques nombreuses ont parsemé les cinq crûs depuis 2013. Mais également adhésions, aux réflexions de Castorf sur les directions politiques parfois obsessionnelles de certaines Nations en ce moment. Castorf dérange et avertit des incohérences de notre monde. Richesse impudique de certaines élites et pauvreté en augmentation constante voire exponentielle pour d’autres, comme subsidiaires améliorations de vie, en réalité décalées qui mènent le monde à sa perte !
Hélène Cadouin dite "AMALTHÉE"
Borde Basse
82 150 Saint Amans du Pech
France
06 44 02 32 12